doctor and the medics
mon horloge sneak indique 37 heure 84. retarde un peu je pense. de toute manière, je suis en avance, toujours en avance. feroz est en retard. Il est toujours en retard à ses rendez-vous. un retard qu'il justifiera aisément pour peu qu'il eut affaire en extérieur avec un ponte du consortium, un émirat de la banque kraisnoise ou d'un magistrat de la galacticop. Ou pire encore, avec les trois en même temps. la tryptique de la sempiternelle alliance de la Religion, du Pognon et de la flicaille. je patiente dans la salle d'attente vide. feroz s'arrange toujours pour qu'aucun de ses clients ne se croisent dans son cabinet. patiente et contemplative du haut de mon 27 ème étage. pleine vue sur l'agglopole. je ne distingue pas l'horizon, bien que la brume ne soit pas très épaisse. mes yeux s'égarent sur la droite de cette vision panoramique, l'ancien site industriel de Khlââ, dirigé par le fils du Président du Consortium, et en son centre, la cité universitaire et le pôle de recherche Nanotech. Feroz y suivit toutes ses études avant de devenir un éminent spécialiste de la recherche biomécanique des fluides et des transferts, ainsi qu'en biorhélogie. je fus son premier data patient et le plus extraterrestre, androgyne, ambivalent, schizophrène, bionique, paranoïaque et casse-couille de tous. il va sans dire qu'il connait tous les recoins de mon anatomie et de mon anti-anatomie. en toute honnêteté, je n'ai guère de secrets à cacher et mon corps n'en est pas vraiment un. pudique, je peux le devenir, dès lors qu'un hacker du bureau fiscal chercherait (en vain) à pénétrer mon système, glisser ses doigts digitaux dans les fibres de mon pare-feu et s'en aller foutre sa semance de données binaires vérolées dans les méandres métastatiques de ma constitution cortexale
Magne toi le cul, docteur feroz, ton cobaye s'impatiente...
